DU DÉSIR AU PROJET

Ce n’est pas si simple de dire au revoir et merci

ll est temps pour moi, avant de tirer ma révérence, de remercier, en compagnie du public jurassien, tous ceux avec qui j’ai œuvré au cours de ces trente-cinq dernières années.

Quelques-uns sont déjà partis, mais ils demeurent omniprésents, parce qu’ils sont inoubliables : Djibril Diop Mambéty, Idrissa Ouedraogo, Pierre Yameogo, trois légendaires réalisateurs africains avec qui j’ai souvent collaboré dans les années 90, Thelma Lipp, la grande star travestie brésilienne qui est à sa manière à l’origine de mon désir de cinéma et de mon film Thelma, Matthias Kälin, mon précieux ami chef-opérateur de Hyènes et Yaaba, et de tous mes premiers films… Et en novembre dernier, Fernando E. Solanas, le célèbre réalisateur argentin, maître du documentaire militant, toujours à contre-courant des pouvoirs dominants, avec qui j’ai tourné Mémoire d’un saccage en 2002 et La dignité du peuple dans la foulée, qui devait venir à Delémont célébrer ses 85 ans en février prochain, est décédé il y a quelques semaines à Paris du coronavirus. J’ai été très affecté par cette triste nouvelle. Je me faisais une telle grande joie de recevoir cet ami à Delémont. Je prévois cependant de lui rendre un petit hommage à l’occasion de l’une de nos rencontres, avec quelques-uns de ses amis suisses.

Thelma Lipp

Mais, il reste quelques précieux amis toujours vivants, en premier lieu Markus Imhoof, (More than Honey, Eldorado) qui viendra fêter ses 80 ans en compagnie de nombreux amis et personnalités du cinéma suisse en septembre prochain : nous projetterons Les Raisons du Cœur, tourné en Inde en 1996, tournage au cours duquel j’ai connu ma femme et complice dans de nombreux films, Monika Bregger ; puis Pascale Ourbih, Laurent Schilling, les vaillants acteurs de Thelma, mon premier long-métrage ; Jeanne Waltz (Pas douce), toute l’équipe de Love of Fate qui viendra à Delémont pour la première de mon dernier film à partir du 26 mars 2021, Mohamed Challouf et son film Ouaga, capitale du cinéma, en hommage à Thomas Sankara et Idrissa Ouedraogo, Loredana Cristelli, chef-monteuse de nombre de mes films : Hyènes, Yaaba, Laafi, Thelma, La danse du singe et du poisson, Ikaria, et j’en oublie peut-être, Jürg Hassler, chef-opérateur de presque tous les films de Pierre Yameogo, dont Laafi Tout va bien, Delwende et Moi et mon Blanc que j’ai accompagnés, Jacques Akchoti, Thierry Spicher, mes fidèles partenaires de très longue date, Claudio Tonetti, réalisateur de Charmants Voisins et de Win Win, accompagné de quelques  acteurs du film, ainsi que des réalisateurs de la collection de courts-métrages Blind Date, Samir, Christoph Schaub, et de nombreux autres, des producteurs suisses avec qui nous avons créé Delémont-Hollywood en 2009, etc. Reverra-t-on à cette occasion Nicolas Bideau, Élisabeth Baume-Schneider et Pierre Kohler, à l’origine de cette belle aventure ? Je l’espère.

Tout au long de l’année 2021, au cours de 7 week-ends, généralement du vendredi soir au samedi soir, nous essayerons de créer de la vie, de la culture, des repas, de belles et fructueuses rencontres et célébrations. Il y aura des lectures, des acteurs seront mis à contribution, des rencontres, des débats, que j’espère de qualité avec des personnalités du cinéma ou autres. Nous visionnerons bien sûr aussi quelques films, dont certains parmi ceux que j’ai produits et réalisés, dans des versions restaurées (dont certaines sont encore en travail et arriveront toutes fraîches au dernier moment à Delémont).

Muong Danyda, tournage des Gens de la rizière au Cambodge

A cause de la Covid, nous n’avons pas pu démarrer comme prévu en janvier dernier, pour célébrer à notre manière les 100 ans de la naissance de Friedrich Dürrenmatt, qui a permis et inspiré l’un de mes plus célèbres films, Hyènes, réalisé au Sénégal en 1990 et 1991 par Djibril Diop Mambéty. J’ai eu l’occasion à l’époque de m’entretenir avec Friedrich Dürrenmatt, ce qui reste pour moi un grand moment. Nous comparerons ces deux œuvres, la Visite de la vieille dame, et Hyènes, pas forcément très bien reçu à l’époque par la critique suisse. Nous verrons ce qu’il en est aujourd’hui, et ce que recouvre cette grande réconciliation tant en Suisse qu’en Afrique, en compagnie de connaisseurs de l’Afrique, de l’œuvre de Dürrenmatt et de Hyènes, Frédéric Maire, le directeur de la Cinémathèque suisse, Jürgen Heizmann, professeur à l’Université de Montréal, et beaucoup d’autres, à travers des échanges animés par Thierry Spicher. Ce précieux rendez-vous est repoussé pour la 2e fois au 22-23 octobre prochain.

Nous démarrerons nouvellement en juin prochain avec DÉBUTS EN AFRIQUE.

Notre public : nous avons invité des personnalités de la culture et de la politique jurassienne et suisse, notre fidèle public de la Grange, des membres du fOrum culture, nos partenaires enseignants et autres de Delémont-Hollywood, des amis, des proches, et nous attendons leurs réponses. En fonction des différentes soirées, nous convierons finalement toutes les personnes intéressées qui auront manifesté leur intérêt, via un courriel avec possibilité de répondre envoyée deux ou trois semaines avant le début de chacune des rencontres, une fois l’événement à venir confirmé.

François Florey (qui lui aussi s’en est allé beaucoup trop tôt à 53 ans en mars 2020),
accompagné de  Stéphanie Lagarde, dans le C. M. Angélique de Samir

Les personnes que nous n’avons pas expressément sollicitées, peut-être malencontreusement oubliées, mais qui ont été informées à travers notre site, la presse, les médias sociaux, etc, si elles souhaitent partager l’une ou l’autre de nos rencontres, peuvent nous solliciter directement via notre adresse pierre-alain.meier@love-of-fate.ch. Elles feront ainsi partie de notre liste des « personnes à inviter ».

Les projections des films seront en revanche généralement ouvertes à tout le public.

A vous voir, revoir, recevoir, je l’espère, à un moment ou l’autre, au cours de ces prochains mois.

Delémont, le 7.3.21, Pierre-Alain Meier